L’Ouest américain ou la démesure…

 

Un transit aux États-Unis étant obligatoire pour rejoindre l’Asie, nous avons pensé que nous y arrêter nous permettrait sans doute d’éviter le choc Amérique centrale-Japon et de faire une bonne transition avec de changer de monde…

Et puis finalement le Nouveau Monde a été une claque ! Ou plutôt trois… Trois claques douces et agréables, mais un vrai tournant dans le voyage ! Pendant 10 jours nous avons vécu à 62 miles/heure le rêve américain !

 

Deux jours à Hollywood, c’était peu, mais juste assez pour commencer à ressentir cette ouverture et cette attitude décomplexée que les habitants de la Californie adoptent.
La ville est cosmopolite et nous entendons parler, au-delà des touristes, aussi bien espagnol, japonais, français, qu’anglais. Los Angeles est sans doute une terre d’asile et Hollywood doit probablement en être le paradis…

C’est dans West Hollywood, à quelques pas du Walk Of Fame, que nous logerons justement, chez un Hongrois arrivé il y a 4 ans et espérant encore décrocher sa green card un jour. Ce sera notre première expérience via Airbnb, l’occasion d’avoir une vraie chambre en partageant le reste de l’appartement avec l’occupant. Outre le confort, un peu nouveau pour nous, que cela représente, nous apprécierons surtout le fait de pouvoir échanger avec un habitant de la ville, partager ses bons tuyaux, et même, parce qu’il était vraiment sympa et qu’on devait l’être un peu aussi, de se faire amener dans des endroits mythiques et de superbes points de vue que nous n’aurions pu atteindre seuls !

Hollywood Boulevard, Le Walk Of Fame et ses étoiles, le Chinese Theater et ses empreintes, Sunset Boulevard, Santa Monica Boulevard, Melrose Avenue, Beverly Hills, Mullholand Drive… Autant de noms qui sonnent comme des promesses et sont à la hauteur de leur réputation, parfois un peu trop clinquants ou excessifs mais toujours enchanteurs !
Ce que vous verrez ou entendrez moins c’est l’envers du décor…
Hollywood fait illusion, les gens semblent heureux, une atmosphère de joie, de liberté et de facilité se dégage de tout, les blondes sont plus blondes, les bimbos ont bien les lèvres gonflées, on vous aborde ou on vous parle le plus naturellement du monde, le faux parait vrai, les excès passent inaperçus et vous pouvez être qui vous voulez, personne ne le remarquera…
Y compris le mendiant à l’angle de la rue classieuse de banlieue, l’acteur « raté » déguisé en James Dean pour glaner quelques dollars, ou l’immigré qui ramasse la déjection de votre Chihuahua…
L’autre facette de la transparence c’est l’indifférence…

Le week-end à Hollywood on monte au pic de Runyon Canyon avec ses chiens et ses amis, en tenue de running mais coiffées et maquillées comme si on allait assister aux Oscars… Dans le pays le plus obèse au monde, ici les gens sont beaux et le culte de l’apparence est une évidence !
Nous irons aussi (sans aucun style !), mais pour apprécier la vue sur la ville.

Pour l’incontournable visite de Studio nous avons choisi les Studios Universal qui combinent parc d’attraction, nombreuses animations 3D, spectacles live et visite des studios de tournage de diverses émissions, séries ou films.
A la fois intéressant et très amusant, nous avons surtout commencé à entrapercevoir là-bas la performance américaine… Une machine de guerre dédiée à l’Entertainment : tout est génial, tout est parfait, tout est bien rodé et il n’y a jamais aucun problème qui ne puisse être résolu ou vous rendre heureux.
Une attraction doit s’arrêter quelques minutes pour maintenance ? Vous aurez droit à une nouvelle entrée sans faire de queue et une entrée VIP dans n’importe quelle autre attraction, on vous offre les bonbons et on vous fait patienter avec une animation…
Tout est pensé, calculé et a l’air de rouler, vous n’avez pas même le temps de vous (ou de leur) poser la moindre question, de vous ennuyer, de vous plaindre ou de négocier, on a réglé pour vous ces questions avant même que vous vous les posiez…

 

 

Autres incontournables de l’Ouest Américain : les parcs nationaux.
Et comment explorer les terres autrement qu’en faisant un road trip sur la mythique route 66 ? Nous avons parcouru quelques 400 miles (plus de 650km) jusqu’à Williams, Arizona, et avons été éblouis par les paysages interminables de cette route. Des déserts brulants, des à-pics rocheux, quelques broussailles, des buissons secs qui traversent la route, parfois un oasis de verdure ou une petite forêt de pins et au loin, rien, un éternel recommencement… Des tempêtes de sable aussi, de mini tornades et cette route qui déchire le paysage à l’infini, parfois rejointe par le chemin de fer qui favorisa la ruée vers l’or.
Sur le trajet nous ne pouvons manquer le Bagdad Café, dans son jus, et les innombrables boutiques ou Motels à la gloire de l’histoire de cette route.

Arrivés à proximité du Grand Canyon nous logeons dans le traditionnel Motel de bord de route (66 !) et mangeons dans les traditionnels Dinner, de traditionnels Burgers… Burgers que nous mangerons pendant 10 jours d’ailleurs… L’équivalent de nos brasseries le proposent en tête de gondole et c’est de loin le repas le moins cher de tout le pays… Loin de la junk food des chaines de fast food, ils sont souvent différents et excellents bien qu’un peu gras (et ça reste lassant à la longue…) …

Le Grand Canyon nous frustrera presque tant nous avons eu le sentiment de ne pouvoir tout voir !
Déjà, depuis le plateau, le point de vue nous laisse sans voix. Creusée par le fleuve Colorado, la faille est immense, longue de 450 km sur 5 à 30 km de large et profonde d’au moins 1.500 mètres… Nous ne sommes que des fourmis et cela donne le vertige…
A la crête le vent est violent et frais, mais alors que nous longeons la falaise pour nous enfoncer dans le Canyon la température se réchauffe et les paysages changent, nous sommes entourés par les majestueuses formations rocheuses qui au fil de notre descente semblent rougir.
De l’autre côté du parc, le lendemain, la randonnée s’enfonce dans le canyon et nous offre des vues encore plus spectaculaires. Nous marchons cette fois sur les arêtes de certains éperons rocheux et avons le sentiment d’être au milieu du canyon avec bien souvent des vues à 360°. La terre est rouge et sèche, et le vent fouette dangereusement par endroit sur le chemin abrupt et étroit.
Au point le plus éloigné de la randonnée nous apercevons la rivière Colorado à quelques centaines de mètres plus bas, et nous rêvons au jour ou peut-être nous pourrons revenir faire la descente jusqu’au bout et le tour du Canyon.

 

 

La machine américaine est aussi en marche ici, le Parc est administré au millimètre avec une efficacité redoutable et tout le monde peut en profiter. Le long des presque 100 km de faille que couvre cette entrée du parc des navettes desservent tous les points de vue que les fainéants, les pressés ou les personnes à mobilité réduite voudraient voir; dans tout le parc de l’eau de source est disponible, les plans et panneaux sont partout, traduits et en téléchargement sur Internet, votre billet d’entrée est scotché et scanné sur votre voiture…etc. Si vous êtes perdus ou que vous ne comprenez pas quelque chose c’est que vous n’y mettez vraiment pas du votre !

 

Las Vegas est bien trop proche pour que le joueur qu’est Nico renonce à y faire un tour ! Je me laisse embarquer sans grande conviction, concédant que « oui, il faut sans doute le voir une fois dans sa vie… »…
Bam ! Nouvelle claque américaine ! Las Vegas est « AWESOME » ! La ville des excès et du vice, une telle démesure était, à mon sens, inimaginable !

Sur les 6,5 kilomètres du Strip (Las Vegas Boulevard) se succèdent les casinos-hôtels les plus prestigieux et c’est le seul endroit au monde ou vous pouvez en une heure visiter Paris, l’Egypte, Venise, New York, Monte Carlo.
Nous logeons tout au bout du Strip au Stratosphère, un hôtel casino doté d’une tour de 109 étages. A son sommet la vue sur la ville est incroyable, de jour comme de nuit et nous allons gouter pendant presque 48 heures à une vie un peu différente !

Ici tout est fait pour que vous sortiez le moins possible de l’enceinte de votre hôtel : chambre immense avec salon attenant, 2 télés, 1 minuscule fenêtre avec vue sur rien, qui ne s’ouvre pas de toute façon, (et puis vous n’en avez pas besoin, la température est torride et la clim est à fond), casino ouvert 24h/24, théâtre, piscine sur le toit, restaurants, fast food, boutiques, starbuck… En théorie vous pourriez passer des semaines, des mois, sans voir la lumière du jour ! Ajoutez à cela la fièvre du jeu et vous perdrez sans doute très vite toute notion du temps !

Sans aller jusque-là, la découverte du Strip de nuit commence à nous décaler et nous finirons notre première soirée à 3h du matin sans même nous en rendre compte.
La ville est un spectacle permanent, la nuit est encore plus propice à l’émerveillement, entre les nombreux néons, lumières, animations et les incroyables spectacles gratuits devant ou dans les casinos : une irruption volcanique devant le Mirage, une chorégraphie de fontaines devant le Bellagio, des flamands roses dans le Flamingo, un spectacle de cirque au Circus, un spectacle de pirate au Treasure Island, un grand huit au New York-New York et partout de la musique et une ambiance de fête jusqu’au bout de la nuit.

Se côtoient ici aussi bien les jeunes touristes fêtards en short que les bimbos accompagnées, les groupes de retraités que les hommes d’affaires en costard et ma foi, tout ça se marie très bien !
Je m’imaginais une ville et des lieux très selects et fermés ou nous nous sentirions décalés; pas du tout, même en tong et short vous pourrez rentrer et jouer dans le plus class des casinos ! Le luxe s’affiche certes partout, beaucoup de choses sont chères et payantes, mais rien n’est une obligation et contrairement à ce que nous avons pu lire, face à la concurrence rude que se livrent les casinos on peut très bien s’en sortir à Las Vegas. Les hôtels sur le Strip peuvent brader jusqu’à 30$ leurs chambres en s’y prenant à l’avance, si vous jouez les boissons sont gratuites (mais un pourboire à la serveuse est apprécié), vous avez des réductions sur les spectacles ou attractions payantes de votre hôtel et les petits restaurants font des prix défiant toute concurrence.

Et puis nous ne pouvions aller à Vegas sans jouer… Nous nous sommes accordé 50$ chacun (36€) et tout naturellement avec un tel budget (très faible) nous nous sommes tournés vers les machines à sous, innombrables dans les casinos.
La vieille image de la poignée sur laquelle vous tirez pour activer une roue est quelque peu dépassée ! Aujourd’hui vous appuyez sur des boutons et vous laissez l’écran de la machine gérer le reste… Rien de bien excitant, d’autant que de plus en plus complexes et nombreuses, les combinaisons gagnantes sont souvent incompréhensibles… je n’ai toujours pas saisi comment un alignement de 4 cerises me rapportait moins qu’une combinaison 7, Cerise, Bar, Diablotins, 5Bar… Mais cela n’a sans doute aucune importance !

J’avoue que même les sons et lumières clignotantes et criardes quand vous gagnez (autour de 50$ tout cumulé en ce qui me concerne) ne m’ont même pas spécialement émue.
En revanche, il est vrai que porté par le jeu il peut être difficile de s’arrêter quand l’on voit sa mise perdue soudain retrouvée puis doublée et je me suis laissée prendre au jeu de ces yoyos avant de m’arrêter raisonnablement à 10$ de perte ! Nico, qui a très vite perdu, a finalement été plus déçu que moi et je reste persuadée qu’il aurait pu avoir sa chance à une table de poker ou de black jack, mais qui demandait sans doute un budget (et donc un risque) différent.

 

Les Etats-Unis c’est aussi les américains… On s’est beaucoup moqué d’eux et de leurs réactions exagérées en toute circonstance durant la première partie de notre voyage mais finalement, à domicile cela parait moins ridicule et nous semble ressembler plus à de la joie de vivre !
En grattant un peu on trouve quand même une attitude que nous qualifierions nous, européens, de bizarre.
Notre hôte hongrois à Los Angeles nous le confirme, nous expliquant qu’il a eu du mal à lier des amitiés au début : sa réserve européenne passant pour de la froideur ou de la distance volontaire, ce qui lui a même été préjudiciable dans un job. Les américains considèreraient que si l’on ne réagit pas de manière exagérée c’est que l’on est totalement indifférent…

Nous avons ceci dit beaucoup ri quand les chauffeurs de bus, serveurs, employés divers et variés nous appelaient « fox » (que l’on traduirait sans doute par « mes p’tits loups »), quand dans un comic store un homme a qualifié mes boucles d’oreilles en bois d’« awesome ! », quand la photographe de la tour du Stratosphère s’est crue sur une séance de shooting pour Vanity Fair ou quand la serveuse d’un restaurant a trouvé « géniale ! » notre commande de burger et a été « heureuse » à un point que nous n’aurions pas imaginé, quand nous lui avons répondu en cours de repas que, oui, tout se passait bien… Un show… A l’américaine !

 

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Le bilan ?

 

* 9 jours sur place, environ 2.310 km parcourus, 23h de road trip en voiture, 1h15 de bus, 45 min de métro et environ 16h de marche/randonnée en canyon et jungle urbaine !

 

Cliquez pour visualiser la carte de notre parcours

 

* Pour un Budget total de 1.580€ soit presque 72€/jour/personne en moyenne : 45,5€ de logement/j/pers et environ 19,20€/j/pers pour se nourrir (et boire un coup !).

Les entrées au Studios Universal étaient à 64€/pers mais le Grand Canyon ne coute que 18€/véhicule et pour 7 jours !

 

Il faut absolument qu’on revienne, il nous manque tellement de choses à voir encore !